Santé aux frontières et pandémie, quelles conséquences ?

Regards croisés de chercheurs sur la Covid-19 : frontières.

Transfert de malades, fermeture des frontières, coopération… Co-animé par Frédérique Berrod, membre du Centre d'études internationales et européennes (CEIE) et Birte Wassenberg, chercheuse au sein de l’unité mixte de recherche Dynamiques européennes (Dyname), le webinaire « Covid-19 et santé aux frontières » a été l’occasion de revenir sur la gestion de la crise entre pays de l’Union européenne. Le tout, dans le cadre des activités du Centre d’excellence Jean-Monnet.

 

 

La coopération en matière de santé entre pays de l’Union européenne se développe depuis une dizaine d’années. Notamment entre la France et la Belgique, mais aussi au Luxembourg avec de nombreux frontaliers travaillant dans le secteur de la santé chez leur voisin. « La France et l’Espagne disposent également d’un hôpital transfrontalier », souligne Birte Wassenberg qui précise que cette coopération a été mise à mal par la fermeture des frontières durant la crise sanitaire.

« Les pays frontaliers ont dû rapidement faire des laissez-passer ne serait-ce que pour permettre aux hôpitaux de continuer de fonctionner dans l’Etat voisin. Ces travailleurs furent une des premières exceptions à la fermeture des frontières. » Un volet révélant une véritable intégration au niveau européen.

« Toutes les instances étaient paralysées »

Mais la crise n’a pas que mis en lumière des aspects positifs. « Pour ma part, j’ai été malade, j’habite à Kehl mais mon médecin est français. Problème, avec mon ordonnance, je ne pouvais pas aller dans les pharmacies allemandes et la frontière étant fermée je ne pouvais pas non plus me rendre en France… J’ai appris par la suite que j’aurais pu demander un formulaire spécifique », raconte la chercheuse qui explique que lors de la troisième vague des tests étaient à disposition à la frontière et une information régulièrement proposée par la ville de Kehl.

De manière plus générale, au début de la crise, « toutes les instances étaient paralysées. En Alsace, les hôpitaux étaient submergés et les alsaciens transférés par TGV vers d’autres régions alors qu’il aurait été plus facile de les envoyer en Allemagne où des lits étaient alors disponibles. » Une situation qui s’est finalement débloquée fin mars, début avril, suite à des groupes de travail au niveau national entre Berlin et Paris qui ont associé les Länder frontaliers et la Région Grand Est.

Réagir plus vite et de manière harmonisée

Ces transferts ont très vite posé des questions de remboursement et de sécurité sociale. Mais aussi du réveil des malades dans un pays étranger entourés par des soignants qui ne parlent pas leur langue. Autre questionnement : celui du transfert des morts entre pays, un casse-tête législatif non résolu encore accentué par la pandémie.

Autant de problématiques qui ont mis en lumière le besoin d’intensifier la coopération transfrontalière en matière de santé que ce soit au niveau local et national, laquelle demeure une histoire éminemment humaine. « Avec par exemple la mise en place d’un mécanisme d’urgence pour pouvoir réagir plus vite et de manière harmonisée », poursuit Birte Wassenber qui souligne que la crise a permis de voir comment l’Europe se situait par rapport au reste du monde montrant notamment que la coopération y était plus développée qu’entre les Etats-Unis et le Canada. Une coopération qui doit s’intensifier dans le cadre de l’Union de la santé lancée en novembre 2020 par la Commission européenne.

Marion Riegert

Regards croisés de chercheurs sur la Covid-19

Psychologie, éthique, économie, histoire, virologie… nous sommes partis à la rencontre de chercheurs de différents domaines de l’Université de Strasbourg pour apporter un éclairage sur la crise du coronavirus.

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