Sur les traces de Lituaniens déportés par Staline

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Vidéo Exposition

Vidéo réalisée par le magazine Savoir(s) de l'Université de Strasbourg

 Visitez aussi le site web des Archives sonores – Mémoires européennes du Goulag en cliquant ici. Ce projet collectif  a été à l’origine de ce travail.

 

Face à la guerre menée en Ukraine, les recherches en Histoire menées par Alain Blum et Emilia Koustova, commissaires de cette exposition sont essentielles. Leur travail est fondé sur une analyse rigoureuse des nombreuses sources conservées dans ces pays, des témoignages de celles et ceux qui vécurent les violences soviétiques, inscrites dans un contexte de volonté de domination impériale. Cette exposition est l’occasion de faire connaître cette histoire auprès du grand public. L'importance de ce travail porte aussi sur la question de mémoire européenne, puisqu'elle concerne un pays de l'Union. Se mettre sur la trace des Lituaniens déportés par Staline, c'est aussi réfléchir à la constitution de cette mémoire et à sa signification pour le présent.

Les commissaires d'exposition ont "rencontré" les magnifiques photos de Juozas Kazlauskas en travaillant sur ce qui allait devenir leur ouvrage "Déportés pour l’éternité. Survivre à l’exil stalinien". Merveilleux photographe, né à Molėtai, en Lituanie, déporté à l’âge de 7 ans dans la région d’Irkoutsk en Sibérie, avec sa mère.  Il offre ici un témoignage émouvant et puissant de la violence des déportations staliniennes qui frappèrent les populations des États et territoires occupés par l’URSS suite au pacte germano-soviétique. Il offre aussi un témoignage du chemin, heurté, vers la restauration de l’indépendance de la Lituanie, qui fut la première, parmi les républiques soviétiques, à s’engager dans ce combat, à un moment où l’issue n’était point prévisible.

Cette exposition, offre une vision forte, ramassée, de cette histoire des déportations soviétiques, au cœur de la mémoire nationale de la Lituanie.

Plus de 120 000 personnes dont de nombreux enfants furent déportés de Lituanie vers la Sibérie, le grand nord et ailleurs en URSS, en 1941, et de 1944 à 1952, sans compter tous ceux qui périrent sur le sol lituanien ou ceux qui furent envoyés dans les camps du Goulag. Celles et ceux qui survécurent à l’exil et la détention ne purent rentrer dans leur patrie qu’à partir du milieu des années 1950, certains n’ayant acquis ce droit que de nombreuses années plus tard. Les populations de la Lituanie partagèrent ces expériences de répressions extrêmes avec les habitants d’Estonie, de Lettonie, d’Ukraine et Biélorussie occidentales, de Moldavie. D’autres, tels les Tatars de Crimée, les Tchétchènes, et avant eux, de nombreux paysans soviétiques, avaient subi la même violence aveugle de déportations de masse.

Ces répressions totalement arbitraires, touchant des populations extrêmement diverses, furent tues jusqu’au milieu des années 1980, leur mémoire ne se transmettant qu’au sein des familles, lorsqu’elle n’était pas noyée dans le silence, sous le poids de traumatismes et de stigmatisations. Elle devint en revanche essentielle lorsque la Lituanie s’engagea dans une lutte pour recouvrer son indépendance. Les anciens déportés et prisonniers politiques furent parmi les premiers à dénoncer la violence et le mensonge posés au fondement de l’ordre soviétique. Leurs voix résonnèrent avec une force particulière, en rendant vite impossible tout retour en arrière et en alimentant le rejet de l’emprise soviétique. Collective, voire politique, la (re)découverte de l’histoire et de la mémoire des déportations fut aussi vécue au plus profond de leur être par des milliers de Lituaniens, enfants, sœurs, petits-enfants ou neveux de déportés.

Ce fut le cas Juozas Kalauskas qui, à la fin des années 1980, sillonna les lieux du Goulag : le Kazakhstan et la région de Krasnoïarsk, avec leurs immenses complexes concentrationnaires ou la région d’Irkoutsk où il avait vécu en relégation avec sa mère quelques décennies plus tôt. Il s’est également rendu à plusieurs reprises dans ce lieu clé de la mémoire lituanienne, que constituent le delta de la Léna et sur les rives de la mer des Laptev, où plus de 3000 déportés lituaniens connurent, durant la WWII, une expérience indicible, un véritable enfer de déportation stalinienne.

Réalisée dans le cadre de la Saison de la culture de la Lituanie en France, cette esposition a bénéficié du soutien de l’Institut français, l’Université de Strasbourg via son Idex, de la MISHA, de Dalia Kazlauskienė, et du travail de Ula Rugeviciūtė-Rugytė, scénographe de l'exposition.

Une autre exposition se tiendra sur l’histoire de la lutte lituanienne pour l’indépendance, à la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (Bulac), à Paris, à partir du 8 novembre.

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