Un kantisme rouge ? Néokantisme, socialisme et marxisme dans l’espace germanophone des années 1860 aux années 1920

Événement passé
Journée d'études
12 13 février 2024
Amphithéâtre du Collège doctoral européen

À l’occasion du tricentenaire de la naissance de Kant, le Crephac organise une journée d'études consacrée aux différentes figures du « kantisme rouge » en Allemagne et en Autriche entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle.
C’est en effet dans ce contexte qu’apparaît un rapprochement à première vue surprenant entre lecteurs de Kant et lecteurs de Marx. On assiste alors à un double mouvement : du socialisme vers le kantisme d’une part – à l'image d'Eduard Bernstein à l'occasion de la querelle du révisionnisme au sein de la social-démocratie allemande –, et du kantisme vers le socialisme d’autre part – c'est le cas entre autres d'Hermann Cohen. Nombreux sont les débats qui naissent de cette rencontre faite au croisement de la sphère académique et de la sphère militante, entre lesquelles la frontière n'est jamais étanche comme en témoigne par exemple la correspondance entre Paul Natorp et August Bebel. Les villes de Marbourg et de Vienne, notamment, en constituent des lieux emblématiques, la première comme bastion du néokantisme, la seconde comme berceau de l'austromarxisme. On pourra faire remonter les prémisses d’une telle rencontre à la publication de l’Histoire du matérialisme (1866) de Friedrich Albert Lange, devenu plus tard une référence constante des auteurs impliqués dans ces débats. En témoigne tout particulièrement l’introduction que rédigera Cohen en 1896 à l'occasion de sa réédition, marquant le début de cette riche période de débats académiques et politiques pour le socialisme allemand, dont le philosophe marbourgeois voyait alors en Kant le véritable fondateur. C’est donc à partir du milieu des années 1890, et ce jusqu’au début des années 1900, que la tentative de refondation du socialisme à partir de la philosophie kantienne prend toute son ampleur. Si l'intensité de ces débats diminue progressivement au cours des années 1920, Max Adler ou encore Karl Vorländer continueront même après la Première Guerre mondiale à affirmer la nécessité pour les marxistes de procéder à une relecture attentive de Kant.


Université de Strasbourg
Université de Haute-Alsace
CNRS
Réseau national des Maisons des Sciences de l'Homme