« La résonance des rythmes : l’œuvre d’art comme territoire de rencontre interspécifique »

Une tendance dans l’art contemporain se laisse apercevoir depuis le début de siècle, consistant à faire participer des vivants autres qu’humains (animaux, plantes, fonges) dans les œuvres. Ces collaborations artistiques posent des questions éthiques quant à l’exploitation faites de ces autres formes de vie, mais aussi des questions esthétiques dès lors qu’on considère qu’il s’agit de la vie des partenaires et de leurs expressions qui constituent la structure temporelle de l’œuvre. Plus précisément, l’enjeu est de saisir le potentiel de transformation de la sensibilité du spectateur de ces œuvres par l’expérience de l’entrelacement des rythmes vitaux. En effet, en mettant en scène visuellement la diversité des rythmes, les artistes donnent lieu à une expérience de relativisation des rythmes humains et parfois d’hybridation possible avec des non-humains. Ainsi, la question émerge de savoir quelle est l’incidence de telles expériences sur la conscience de soi des spectateurs et sur leur sensibilité à l’égard des autres vivants.

Stefan Kristensen est depuis 2019 professeur d’esthétique et de théorie de l’art à la Faculté des arts de l’Université de Strasbourg, et depuis juillet 2021 doyen de cette même Faculté. Il a soutenu une thèse de philosophie en 2007 intitulée Parole et subjectivité. Recherches sur la phénoménologie de l’expression, puis une habilitation à diriger des recherches en 2016 sur Machine et subjectivité. Il a publié dans le domaine de l’esthétique phénoménologique, la philosophie de la psychiatrie et de la psychanalyse, l’art brut, ainsi que de l’œuvre et la pensée de Jean-Luc Godard. Actuellement, il développe ses recherches notamment sur les artistes qui associent des acteurs non humains à leurs oeuvres.