Il s'agit de dégager une définition du le concept d’objectivité, concept épistémique beaucoup moins étudié que ceux de vérité et de rationalité. Pourtant ce concept est néanmoins d’une grande fécondité pour les études sur la science. Plus précisément, il s’agira d’étudier les variations et les inflexions de sens que celui-ci peut connaître dans des domaines d’application précis, en médecine et en science. C’est pourquoi nous concentrerons notre travail collectif sur deux terrains déterminés, sur la base d’une définition initiale établie en répertoriant des "modalités objectivantes", c'est à dire des procédures auxquelles recourent les chercheurs et les médecins dans le cadre de leur entreprise d’objectivation :
- L’objectivité numérique : étudier le recours aux modalités objectivantes et à mesurer leur importance relative dans deux contextes d’élaboration de savoirs et de pratiques actuellement confrontés l’un à l’autre, la médecine "classique" et la médecine en cours de constitution qui recourt aux Big Data. En quoi l’irruption des Big Datamodifie-t-elle la définition antérieure de l’objectivité qui pouvait prévaloir au sein de l’EBM (Evidence-based Medicine) ?
- L’objectivité graphique : cerner les rapports entre les différents modes de représentation graphique et l’exigence d’objectivité telle qu’elle se déploie dans différentes sciences de la nature et de l’homme. En quoi le design graphique contribue-t-il ou non à satisfaire cette exigence et selon quelles procédures particulières ?
L’ensemble de ce séminaire s’inscrit dans le cadre d’une épistémologie pratique, conçue comme une méthode d’analyse conceptuelle entièrement appuyée sur des données de terrain, d’où la présence conjointe dans l’équipe, de médecins, de statisticiens, de designers graphiques, historiens, aux côtés des philosophes des sciences et de sémioticiens.