L’image à l’épreuve de l’image : témoigner, représenter, convaincre
Que font aujourd’hui les images de notre relation à la vérité ? La « genèse automatique » de l’image photographique avait bouleversé notre rapport à ce dont elle est l’image : elle lui conférait une « puissance de crédibilité » absente des images faites de main d’homme (Bazin, 1945). Or, ce serait mésestimer l’importance du sujet percevant dans l’attribution d’un degré de véracité à l’image que de conclure - trop hâtivement - à la parfaite objectivité visuelle de l’image mécanique. L’oeuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique, dont Walter Benjamin (1935) ne pouvait présager les délires et dérives actuelles, est désormais le sujet et l’objet d’un rapport problématique à la vérité : tantôt elle nous force à douter d’elle-même (ce sont, par exemple, les cas des images générées par intelligence artificielle, des fakes news, des deepfakes, et autres faussetés), tantôt elle expose les intentions de celles et ceux qui la fabriquent, la manipulent, la diffusent, la censurent (il n’est qu’à constater la viralité de certains types d’images et des discours dont ils sont porteurs pour se rendre compte de la flagrante partialité de l’image), tantôt enfin elle s’impose à nous ou, plus exactement, elle recueille une vérité insoupçonnée que ses formes exhibent malgré tout, malgré nous. Cette journée d’étude souhaite interroger l’épistémologie visuelle du vrai et du faux, de l’authenticité et de la facticité (Lipovetsky, 2021), et éclairer les moyens dont se servent les images pour nous faire croire, douter, craindre, espérer, etc.
Journée organisée par Baptiste ANDRE, Marie GOEHNER-DAVID, Hélène KOCHERT Dorian MERTEN et Emma WARANBOURG, analyse et histoire des formes cinématographiques, avec le soutien de l'ACCRA et de la Faculté des arts (Université de Strasbourg)