« Thèse en création, interprétation ou conception : un objet complexe »
Bien que les premières thèses en Arts plastiques aient vu le jour dans les années 1970 en France, l’éclosion des programmes de doctorat en création artistique s’est officiellement produite quelques décennies après dans plusieurs universités françaises. Ces nouveaux programmes doctoraux reconnaissent la création artistique, ou la conception, comme partie intégrante de la production doctorale au même titre que la thèse proprement dite, la pratique devenant le lieu d’émergence d’un type particulier de savoir. Mais saisir la pratique comme terrain de connaissance pose la question de la (ré)définition du concept même de « recherche » et, aussi, de ce qu’on entend par « création, interprétation, conception », à l’université. Un des dénominateurs communs de ces nouveaux programmes doctoraux est l’articulation dynamique entre une production artistique et une production discursive. Une question importante se pose alors : comment accompagner le développement de thèses-création laissant interagir création artistique et construction théorique ? Il importe alors d’estomper les frontières, celles qui, par tradition, confient l’expertise de la discursivité aux universités et l’expertise de la pratique artistique aux écoles d’arts ou aux conservatoires.
La recherche-création ouvre depuis plusieurs décennies un questionnement complexe sur les enjeux portés par une recherche issue des pratiques artistiques, et un questionnement sur le partage de ces pratiques, grâce à la production d’un savoir sur/par le faire, et aux perspectives méthodologiques en recherche-création et dans l’enseignement des arts. Qu’il s’agisse de pédagogie (en art ou en design) ou de recherche (en et par l’art ou le design), la « pratique » est centrale : c’est elle qui fait émerger de nouvelles connaissances et c’est par elle qu’on rétablit le lien entre faire et penser (sur le faire, par le faire). Le développement d’une posture de praticien réflexif est l’un des objectifs majeurs de la recherche aujourd’hui.
Cette première journée sur la « thèse en création, interprétation ou conception » pourra permettre la rencontre de différents acteurs et institutions, autour de plusieurs thèmes : les modèles de thèse et leurs méthodologies ; les espaces dédiés à la thèse (lieux d’expérimentations, de création, d’exposition, ateliers…) ; la question de l’œuvre (finie, expérimentale…) et du projet ; les modalités d’encadrement : en « binôme » ou un seul directeur qui incarne les deux fonctions (artiste-chercheur) ; l’expérience des doctorants-créateurs-concepteurs-interprètes ; les visées professionnelles ; les relations à analyser, contextualiser et (re)tisser entre universités et écoles supérieures d’art.