"Les fantômes de la mémoire dans les arts hispaniques contemporains"

Lors de cette journée d’études, nous nous intéresserons à l’utilisation de la figure du fantôme comme outil pour penser, déconstruire et réinventer la mémoire dans certaines propositions artistiques hispanophones produites à partir des années 2000. Il s’agit ici de mémoires – et d’identités – qui s’avèrent être en crise du fait de la barbarie, du silence et de l’incompréhension provoqués par les nombreuses dictatures, la répression politique et les conflits armés sur le continent hispano-américain mais aussi en Espagne. Ces conflits marqueront, telles des cicatrices, les auteurs des deuxièmes générations de la mémoire (regroupés sous les dénominations « Generación Hijos », « Segunda Generación » ou « Generaciones de postdictadura », entre autres). Aharon Appelfeld disait que « seul l’art a le pouvoir de faire sortir la souffrance de l’abîme » : ses paroles retentissent dans notre quête des fantômes de la mémoire qui, de par leur nature polymorphe, peuvent se manifester de nombreuses façons. Ainsi, il sera question d’interroger la présence de personnages errants et incapables de renouer avec leur histoire, de corps disparus et de « (des)aparecidos », de l’absence de sépulture, de secrets, d’apparitions monstrueuses, d’hallucinations, d’individus et/ou d’espaces hantés, de paroles chuchotées ou bafouillées, d’écriture fragmentaire, d’idées obsédantes et répétitives chez les personnages mais aussi dans la cosmovision artistique des auteurs. Que ceux-ci soient romanciers, dramaturges ou réalisateurs de cinéma, que leur approche soit testimoniale, autofictionnelle, fantastique, documentaire…, leurs fantômes de la mémoire nous amèneront, peut-être, vers un même questionnement : « En définitive, ne serions-nous pas, nous autres les fantômes, ceux qui établissent la nécessité du travail de toute culture ? » (Franck, 2018).